lundi 2 novembre 2009

New York New York by Chou

Voici en première exclu le compte rendu de Laurent pour son marathon de new-york à lui (superbe) :

6h30 du mat' et 7 heures après m'être effondré sur le Queen size que je partage avec le Docteur T., me voilà de retour dans le monde des vivants. Pas de trace du sirloïn steack trop cuit (ah les ricains et la viande bleue !!!) d'hier soir sur mon mon estomac. En revanche, un bon gros mal de tête et des cuisses chargées d'adice lactique que je tente présentement  d'évacuer  via un pack de glace dont Tom trialthlète et new-yorkais de son état m'a recommandé les bienfaits.


Merci à tous de vos messages d'encouragement pour ce marathon de New-York, qui aura délivré ce que Chris et moi étions venus y chercher ... un moment d'exception.


"4h du mat j'ai des frissons " ... il s'agit de ne pas traîner pour le ferry qui part pour Staten Island à 5h30. La course part du pont du Verrazzano et traverse New-York de part en part (Staten, Brooklyn, le Queens, Manhattan, le Bronx).


Le bateau de Chris ne part qu'à 7 heures (le départ du marathon en 3 vagues successives à 9h40, 10h et 10h20), et lorsque je claque la porte de l'appartement, celui-ci ronque encore du sommeil de ceux qui ont oublié qu'ils allaient courir 42 bornes. Dehors, bonne nouvelle, il pleut ! Je croise ça et là des créatures costumées qui rappellent que la nuit d'Halloween a dû être longue, et qu'à une heure aussi précoce, on est bien mieux sous la couette ! Un yellow cab où je prends la place d'une sorcière et de son balais me conduit jusque Battery Park où la foule en baskets et shorts fluos sont autant de signes que je ne me suis pas trompé.


Sur le ponton du bateau, où je suis monté, je vois Manahattan, dans l'aube, s'éloigner peu à peu ... Arrivé sur l'île de Staten qui sous la bruine n'a rien de paradisiaque, j'avise les tentes où s'empilent les coureurs qui vont attendre le départ plus de 3 heures ... Le sol est tout boueux, et ne me dit rien qui vaille. Je pars en quête du petit-déjeuner dont on m'a parlé ... Le thé, les bagels et le 'feshly squeezed orange juice' font du bien. Je décide de me poser sur un espace plutôt sec et d'y tendre ma couverture de survie où j'engage mon yoga matinal dont le point d'orgue - la posture sur la tête - me vaut même quelques applaudissements. Je profite du temps qui me reste pour compléter mes 4 heures de sommeil initial et poursuivre l'écoute de mon Fred Vargas via mon Ipod.


Vers 9h les hauts-parleurs que je jouxte annoncent en 5 langues différentes qu'il est l'heure ... Ave Cesar ... Je rejoins mon sas pour ne plus le quitter ... Dernier préparatifs; je quitte progressivement mon survêt à qui je dis adieu. Il servira désormais un autre après le ramassage par les associations caritatives des vêtements de sport qui jonchent les pelouses que nous quittons. 


Nous arrivons à hauteur du péage du Verrazzano. J'ai sympathisé avec un coureur japonais et nous arrêtons nos palabres au moment où retentit l'hymne américain, avant que Frank - the voice - ne vienne le remplacer fort à propos par New-York New-York. A mon tour, je vice mes écouteurs sur mes oreilles. J'y suis ! Et c'est Lily Allen qui me donne mon départ à moi. J'attaque le Verrazzano - qui monte sur un mile - à train de sénateur. 12,5 Km/h. Je me sens très à l'aise. Dans la descente, je frise les 15,5 sans forcer ... La vue sur le Grosse Pomme est incroyable, impérissable ... J'en prends pleins les yeux. La foule est encore dense, mais on peut dépasser sans souci. Je suis rapide, à l'aise dans mes pompes, et parti sur des bases d'1h30/1h35 pour le première partie du parcours qui défile dans Brooklyn. Les vivas de la foule contrastent avec l'arrivée dans le quartier juif orthodoxe de Williamsburg où le temps semble s'être arrêté en plein XIXe siècle... Pas un regard ... L'envie me vient de meubler le silence par quelques mots d'hébreu... Coreligionnaires, ma tenue de coureur est pourtant bien éloignée des longs manteaux et chapeaux noirs que l'on voit sur les trottoirs ... Mais voilà qu'arrive le Pulaski Bridge que j'attaque au 13e mile dans le temps pour moi record de 1h30 !! J'ai encore de l'énergie à revendre  ... Passage dans le Queens et la seconde grosse difficulté du parcours, le Pulaski Bridge qui nous conduit vers Mahattan. Je ralentis dans la montée qui élève un bon mile sur près de 40 mètre de dénivelé. What goes up ... J'attaque la descente à fond en prenant le soin d'ôter mon casque de baladeur pour apprécier les vivas de la foule à l'arrivée à Manhattan ... La clameur est impressionnante. A mon arrivée, la première avenue est totalement dégagée, ce qui me permet de rechercher facilement les supporteurs de l'association WSA - cousins américains d'Autour des Williams, pour qui nous courons. Leur présence doit me redonner force et vigueur car je sens bien que je commence à peiner ... 18e mile, le mètre 85 de Stéphanie ma grande soeur américaine et hôte new-yorkaise me facilite les chose. Trop heureux de ne pas manquer les miens comme à Londres, j'accours vers eux. J'enlace Stéphanie, embrasse beaux-parents, mon neveu Eddy son papa Marshal. C'est super émouvant. 30 secondes de bonheur ... éphémère. Allez cours Forest ! Mais inexorablement ma vitesse s'est réduite. Et les ponts de Willis ave et surtout Madison vont se charger de m'achever. Je repense aux conseils de mon mentor Pierre, et projette mon temps à l'arrivée sur les bases de ma vitesse de course. Il semble désormais peu probable que je fasse beaucoup mieux que mes 3:12 londoniens. D'autant que la dernière ascension dans le Park reste à venir. Je choisis de décélérer pour ne pas (enfin pour ne pas trop) souffrir et profiter du paysage, de la foule, etc... D'aucuns que j'avais laissé à distance me rattrapent et me distancent inexorablement .... La fameuse 4e séance d'entraînement hebdomadaire me fait bel et bien défaut.  C'est sur cette considération que se profile Central Park pour la dernière difficulté et 30 mètres de dénivelé. Ho hisse ! Comme dans la montée vers le Retiro à Madrid, la foule pousse ... Plus qu'un mile. Je regarde ma montre; je sais désormais que je ne serai pas très loin des mes temps d'Athènes et de Londres ... Au final 3h16 et 10 secondes et une place ma foi honorable de 2541 sur plus de 43700 coureurs. Je souris c'est fini ... Enfin pas tout à fait ... Car près de deux kilomètres d'une ascension 'golgota-èsque' me séparent du camion où j'ai laissé des affaires de rechange. J'avale force amandes, barres énergétiques et autres liquides qu'on m'a fourni. Je claudique tel un petit vieux sous les 'congratulations' des spectateurs et volontaires new yorkais dont la considération me réchauffe le coeur. 



Hors du Park, le traffic et les jams battent le plein ... Les barricades du marathon créent une cohue très surprenante. Après 20 minutes d'une marche solitaire et hésitante, je décide de poser mes jambes perclus de crampes dans touc-touc vélo qui est drivé par les sosie d'Harvey Keitel. On parle de la France, de Paris, de New-York, et de son job, lui qui tire une carriole toute la journée. Pour moi désormais c'est lui le vrai marathonien.



Bises à tous et rendez-vous très vite.




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