lundi 19 avril 2010

Marathon de Paris : récit de Jean-Baptiste (2h 52mn 44'')

Je retranscris ici le post de JB sur son blog 
Ca rassure de voir que certains aussi explosent à partir de 35 bornes, enfin tout le monde n'explose pas de la même façon ... 

Paris, le 11 avril 2010
 
Aujourd'hui, je cours mon 4ème marathon "sec". J'entends par là mon 4ème marathon sans natation ni vélo avant. Après Paris 2004, Paris 2006, NYC 2006, voici Paris 2010.
Mon dernier souvenir de marathon "sec" n'est pas glorieux car j'ai fini archi "sec" (c'est le cas de le dire) après une défaillance au K25 sur le marathon de NYC 2006  (lien vers le récit). Parti trop vite, mauvais ravitaillement, eau trop fraîche, crampes au bide... je vous passe le reste... Mon dernier souvenir de marathon "sec" performant remontait donc à Paris 2006 et aux 2h55 conquis dans la douleur. J'en avais chialé entre K38 et K40 tellement j'avais mal aux cannes.
J'aborde donc ce Paris 2010 avec un poil d'appréhension tout de même.
 
Je vous vois déjà me reprocher cette appréhension, après 4 marathons enchaînés sur IM. Oui, mais... c'est pas pareil! Et là je sors l'argument qui tue que seuls les "Ironmen" comprendront pour l'avoir vécu : "un marathon sec couru avec un objectif de performance est plus difficile qu'un marathon sur Ironman".
Quelques éléments d'explication pour convaincre les nombreux sceptiques :
- un marathon IM se court fatigué, donc l'objectif premier est de trouver un rythme de confort, alors qu'un marathon "sec" performant impose une prise de risque et donc de la vitesse ;
- or qui dit vitesse dit relance, dit longues foulées, chocs musculaires importants... et donc douleurs ;
- en d'autres termes, courir à 15 km/h laisse plus de traces sur l'organisme que courir à 13 km/h, même après 180 bornes de vélo et 3.8 km de natation.
 
Bref, pour les néophytes qui en doutent encore : commencez par un Ironman avant de vous aligner sur marathon sec :-)
 
L'autre élément d'appréhension concerne mon engagement pour une cause. Cette année, je ne cours pas simplement pour moi mais pour une Association. Admiratif du projet initié par quelques camarades de l'ESCP, engagés depuis 4 ans dans le projet "5 campus, 5 marathons" afin de lever des fonds pour l'Association Autour des Williams, j'ai décidé de les rejoindre pour le dernier opus à savoir Paris 2010.
J'ai donc apporté ma modeste contribution à la Cause en collectant quelques centaines d'euros. Un grand merci à ce propos à tous mes GC (gentils contributeurs). Quand aux GL (gentils lecteurs) qui liraient ce blog, il est encore temps de donner ici.
 
Je me sens donc l'obligation de faire une belle course et d'aller au bout de moi-même, et j'ai bien évidemment la ferme intention d'essayer de repousser un peu cette barre des 2h55. Mon entraînement a été sérieux en qualité, avec un programme de VMA et de SEUIL adapté. Mais je manque probablement un peu de bagage kilométrique.
Stratégie de course? Partir à 4'06 au km et rester régulier tout du long, ce qui devrait nous amener à un 2'53.
Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas du tout, mais alors pas du tout, respecté ce mot d'ordre...
 
Je la fais simple :
Je pars comme une balle à moins de 4' au km sur les 9 premiers km. Je stabilise grosso-modo entre 4' et 4'05 entre le 10ème et le 30ème, je dérive gentiment mais sûrement autour de 4'10 de K31 à K34, puis j'explose en vol au K35 ralentissant autour de 4'20, fleurtant même avec 4'35 au kilomètre.
Et si Nico ne m'avait pas repris au 41ème kilomètre, j'aurais probablement mis 15 secondes de plus.
Voici les temps kilométriques et l'implacable réalité de la dérive...  
 
Temps intermédiaireTemps intermédiaire
1.03:42,3
2.03:47,8
3.03:55,0
4.03:57,3
5.03:53,9
6.03:53,9
7.03:58,0
8.04:02,4
9.03:52,4
10.04:08,2
11.03:56,5
12.04:00,5
13.04:05,8
14.03:57,8
15.04:03,6
16.04:00,2
17.03:56,5
18.03:59,3
19.04:01,3
20.04:01,1
21.04:03,6
22.03:58,2
23.03:57,0
24.04:03,6
25.04:04,3
26.04:07,3
27.04:04,2
28.04:03,2
29.04:06,4
30.04:00,2
31.04:07,7
32.04:10,3
33.04:09,1
34.04:16,5
35.04:32,2
36.04:20,3
37.04:18,4
38.04:21,3
39.04:27,0
40.04:31,1
41.04:39,0
42.05:11,1
Now the question is : "would have I finished faster if I had started slower?". Very good question indeed...
Je pense que oui. Indéniablement, j'aurais eu plus de fraîcheur sur la fin, à l'image de Nico qui est parti plus prudent que moi mais qui a mieux résisté pour au final me rattraper. D'un autre côté, je partais pour améliorer un 2'55 déjà ambitieux. Celà imposait donc un minimum de prise de risques, risques que j'ai payés à la fin.
Celà écrit, quel que soit le niveau du coureur et son entraînement, c'est difficile pour tout le monde à partir du 35ème. Il est donc relativement difficile de "refaire l'histoire".
On retiendra donc de ce... heu... 8ème marathon toutes disciplines confondues ("sec" ou IM) une nouvelle référence personnelle sur la distance avec 2h52mn44", mais surtout une belle leçon de générosité et d'engagement de la part des 70 coureurs engagés pour l'association Autour des Williams.
Je repense à ces mots de remerciement de la part de Pauline Delpierre, responsable de l'association : "Tous [ces coureurs] sont aussi admirables, ont donné tout leur courage, physique et mental, car courir pour une cause, c'est bien plus difficile que courir pour soi."
Je répondrai juste que le courage qu'il faut pour finir un marathon n'est rien à côté de celui dont font preuve ces enfants touchés par le syndrome, et leurs proches qui les accompagnent au quotidien. Merci à vous : je sors grandi de cet engagement.
Prochaine étape : le triathlon LD de Troyes début juin. Il va falloir que je me remette sérieusement à rouler d'ici là.
Et pour ceux qui auraient quelques scrupules, ma page de collecte est toujours active et vous pouvez encore donner pour l'association Autour des Williams. Merci à vous. Merci pour eux.